Le Pont Fragile : Naviguer la souveraineté dans un monde déchiré

 


The Fragile Bridge: Navigating Sovereignty in a Ruptured World

By Patrick Prézeau Stephenson

OTTAWA - From the perspective of a patriot, shaped by the spirit of the Manifeste L’Appel du Lambi, we must hold together two truths that seem to contradict each other, but in reality, complete one another.

On one hand, concerns about sovereignty and critiques of foreign interference are entirely legitimate — and even necessary. Haiti carries within it a founding memory: that of a people who, in 1804, imposed a radical truth on the world, namely that no domination is eternal and that no “international order” can be moral if it is built on the subjugation of a people. That this very nation is today treated as a mere “file” to be managed in Western chancelleries is a historical and philosophical wound.

But the demand for sovereignty cannot serve as a screen for all manner of internal political maneuvers.

We must also recognize this: while sovereignty concerns and critiques of foreign interference are legitimate, launching a new political adventure with highly controversial figures just three months before a critical national milestone risks deepening fragmentation and jeopardizing the fragile prospects for a minimally stable transition.

In other words, resisting interference does not mean rushing into any project led by discredited or deeply divisive actors. Sovereignty is not only a balance of power with the outside world; it is also an inner responsibility toward the people, toward the minimal continuity of the state, toward the possibility of a future that is not perpetually sabotaged in the name of emergency.

On the philosophical level, the question is this:
What is the value of proclaimed sovereignty if, in concrete terms, it translates into an inability to secure even a minimum of stability for the most vulnerable?
What is the worth of rejecting interference if that rejection serves as cover for power games that once again ignore the real people — those who endure insecurity, hunger, and forced exile?

History teaches us that nations are not destroyed only by external forces, but also by the accumulation of internal choices that sacrifice the common good in the short term for the benefit of a few. Haiti knows this poisoned dialectic all too well: powers that abuse their influence, local elites who instrumentalize the legitimate anger against interference to advance their own ambitions without any coherent project for the polity.

From this angle, the call of the lambi can be neither a call to sophisticated submission to the international order, nor a call to a reckless political adventure improvised around contested figures on the eve of a critical moment for the nation. It must be a call to a third path:

  • an asserted sovereignty that refuses diplomatic humiliation and the normalization of interference;
  • but also an ethical responsibility that refuses to gamble with the collective destiny as if it were a tactical bet.

A transition, even a “minimal” one, is not just an institutional arrangement. It is a fragile bridge between a damaged present and the possibility of a slightly less violent future. To multiply its fractures, to entrust it to actors already widely discredited, just months before a crucial stage, is to risk breaking that bridge before even attempting to cross it.

The lesson, for anyone who claims both Haitian patriotism and civic consciousness, is clear:
We can — and we must — denounce interference, but without abandoning lucidity about the dangers of internal political adventures which, under the guise of rupture, produce only more chaos.

True sovereignty is not measured only by the ability to say no to other states, but also by the ability to say no to our own temptations toward recklessness, fragmentation, and the repetition of the same mistakes.

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Le Pont Fragile : Naviguer la souveraineté dans un monde déchiré

Par Patrick Prézeau Stephenson

OTTAWA - Dans une perspective de patriote nourri par l’esprit du Manifeste L’Appel du Lambi, il faut tenir ensemble deux vérités qui semblent se contredire, mais qui, en réalité, se complètent.

D’un côté, les inquiétudes sur la souveraineté et les critiques de l’ingérence étrangère sont pleinement légitimes — et même nécessaires. Haïti porte en elle une mémoire fondatrice : celle d’un peuple qui, en 1804, a imposé au monde une vérité radicale, à savoir qu’aucune domination n’est éternelle, et qu’aucun « ordre international » ne peut être moral s’il se construit sur l’asservissement d’un peuple. Que cette nation-là soit aujourd’hui traitée comme un simple « dossier » à gérer dans les chancelleries occidentales est une blessure historique et philosophique.

Mais l’exigence de souveraineté ne peut pas servir de paravent à toutes les manœuvres politiques internes.

Car il faut aussi reconnaître ceci : tandis que les préoccupations de souveraineté et les critiques de l’ingérence étrangère sont légitimes, lancer une nouvelle aventure politique avec des figures hautement controversées, à seulement trois mois d’une échéance nationale décisive, risque d’approfondir la fragmentation et de compromettre les fragiles perspectives d’une transition minimale mais stable.

En d’autres termes, résister à l’ingérence ne signifie pas se jeter dans les bras de n’importe quel projet porté par des acteurs discrédités ou profondément divisifs. La souveraineté n’est pas seulement un rapport de force avec l’extérieur ; c’est aussi une responsabilité intérieure envers le peuple, envers la continuité minimale de l’État, envers la possibilité d’un avenir qui ne soit pas perpétuellement saccagé au nom de l’urgence.

Sur le plan philosophique, la question est la suivante :
Que vaut une souveraineté proclamée, si elle se traduit concrètement par l’incapacité à assurer ne serait-ce qu’un minimum de stabilité pour les plus vulnérables ?
Quelle est la valeur d’un rejet de l’ingérence, si ce rejet sert de couverture à des calculs de pouvoir qui ignorent, encore une fois, le peuple réel — celui qui subit l’insécurité, la faim, l’exil forcé ?

L’histoire nous enseigne que les nations ne sont pas détruites seulement par les forces extérieures, mais aussi par l’accumulation de choix internes qui sacrifient le bien commun à court terme pour le bénéfice de quelques-uns. Haïti connaît trop bien cette dialectique empoisonnée : des puissances qui abusent de leur influence, des élites locales qui instrumentalisent la colère légitime contre l’ingérence pour avancer leurs propres ambitions, sans projet cohérent pour la cité.

Dans cette optique, Le Manifeste l’appel du lambi ne peut être ni l’appel à une soumission sophistiquée à l’ordre international, ni l’appel à une aventure politique hasardeuse, improvisée autour de personnages contestés, à la veille d’un moment critique pour la nation. Il doit être l’appel à une troisième voie :

  • une souveraineté assumée, qui refuse l’humiliation diplomatique et la normalisation de l’ingérence ;
  • mais aussi une responsabilité éthique, qui refuse de jouer avec le destin collectif comme avec un pari tactique.

Une transition, même « minimale », n’est pas un simple arrangement institutionnel. C’est une passerelle fragile entre un présent abîmé et la possibilité d’un futur un peu moins violent. Multiplier les fractures, la confier à des figures déjà largement discréditées, à quelques mois d’une étape cruciale, c’est prendre le risque de briser cette passerelle avant même d’avoir tenté de la traverser.

La leçon, pour qui se réclame du patriotisme haïtien et de la conscience citoyenne, est claire :
On peut — et on doit — dénoncer l’ingérence, mais sans renoncer à la lucidité sur les dangers des aventures politiques internes qui, sous couvert de rupture, ne produisent que plus de chaos.

La véritable souveraineté ne se mesure pas seulement à la capacité de dire non aux autres États, mais à la capacité de dire non à nos propres tentations d’imprudence, de fragmentation et de répétition des mêmes erreurs.

 

Contact Médias Patrick Prézeau Stephenson: Éditeur manifeste1804@gmail.com

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