Avant de Crier Haro : Repenser l’Opposition à Laurent St-Cyr
Before Casting Stones: Rethinking the Outcry Against Laurent St-Cyr
By Patrick Prézeau Stephenson (Le Français suit)
Port-au-Prince, August 6, 2025 . In a
political landscape marked by volatility and deep mistrust, few figures rise to
prominence without controversy. Laurent
St-Cyr, recently thrust into the national spotlight through his appointment to
the Transitional Presidential Council (CPT), has found himself at the receiving
end of intense scrutiny. His nomination, seen by some as emblematic of elite
capture and foreign influence, has ignited a flurry of criticism both on the
airwaves and across social media platforms.
The phrase “crier haro” — to denounce someone loudly and publicly — has
taken on new meaning in Haiti’s charged political climate, and in the case of
St-Cyr, it raises important questions: Are we right to sound the alarm so
quickly? Or are we allowing reflexive suspicion to override sober analysis?
A Technocrat in a Time of
Turmoil
Laurent St-Cyr is not a
political outsider, but neither is he a traditional politician. A respected
business executive with a background in private sector development, St-Cyr has
spent the last decade navigating Haiti’s complex economic terrain, leading multiple
business groups, including the country’s Chamber of Commerce and Industry. For his
critics, that resume alone is enough to disqualify him — a sign that he
represents continuity with Haiti’s oligarchic business class and a model of
governance too comfortable with neoliberal orthodoxy.
But others view his appointment as a pragmatic choice in a context of
institutional collapse. With state infrastructure in tatters and gang violence
undermining daily life, some argue that Haiti needs competent managers more
than it needs revolutionaries. In this reading, St-Cyr brings administrative
experience, business connections, and a reputation for discretion — valuable
assets in a time of national crisis.
Between Elitism and
Stability
Still, the criticisms are not without merit. Detractors point to historical
proximity to U.S. interests and to Haiti’s most powerful corporate families,
many of whom have been accused of tax evasion, labor abuses, and quiet
complicity with political dysfunction and even gangs warlords. They argue that
St-Cyr’s position in this ecosystem makes him ill-suited to represent the
aspirations of the Haitian majority, particularly those excluded from power for
generations.
More symbolically, his name evokes a long-standing tension in Haitian
politics — between those who call for radical transformation and those who
favor incremental reform. Between grassroots movements and boardroom diplomacy.
For many young Haitians, tired of empty promises and deepening
inequality, St-Cyr’s elevation to high office feels like more of the same.
The Role of the CPT:
Managing Transition, Not Governing Forever
But it is important to remember that the CPT is not a permanent
government. It is, by design, a transitional mechanism — tasked with
stabilizing the country and organizing elections. In that context, the
inclusion of business sector representatives alongside members of civil society
and political factions is arguably a reflection of Haiti’s fragmented reality,
not an endorsement of one group over another.
To accuse St-Cyr of illegitimacy without acknowledging the complexity of
the moment may be unfair — or worse, a missed opportunity to demand
constructive engagement from all sectors of Haitian society.
Accountability Should Begin
with Clarity
This is not to say that scrutiny is unwarranted. On the contrary, if
Haiti is to rebuild public trust, all members of the CPT — including St-Cyr —
must submit to a higher standard of transparency and public accountability. The
public deserves clarity on conflicts of interest, on past associations, and on
how decisions are made within the Council.
Yet calls for his immediate dismissal or vilification may do little to
advance the cause of justice or democracy. Haiti has suffered too much from
cycles of purges, vengeance, and exclusion. What it needs now is vision,
competence, and the humility to bridge divides — not deepen them.
Conclusion: Sound Judgment
in a Noisy World
In times of chaos, it’s tempting to see all establishment figures as
part of the problem. But building a new Haiti will require forging new
alliances — some of them uncomfortable, many of them imperfect. Before casting
stones, we might ask whether we are judging potential allies by their past
affiliations, or by their future contributions.
Laurent St-Cyr may or may not rise to the
occasion. But if he is to be held accountable, let it be through civic
vigilance, not reflexive condemnation.
Avant de Crier Haro : Repenser
l’Opposition à Laurent St-Cyr
Par Patrick Prézeau Stephenson –
Port-au-Prince, 6 août 2025
Dans un paysage politique marqué par la volatilité et une
méfiance généralisée, rares sont les figures qui accèdent à la notoriété sans
provoquer de controverse. Laurent
St-Cyr, récemment propulsé sur le devant de la scène nationale via sa
nomination au Conseil Présidentiel de Transition (CPT), se retrouve aujourd’hui
sous le feu des critiques. Pour certains, sa désignation incarne la mainmise
des élites et l’influence étrangère dans les affaires internes du pays — une
perception largement relayée sur les réseaux sociaux et dans les médias.
L’expression « crier haro » — dénoncer
publiquement et bruyamment — a pris un nouveau sens dans le climat politique
électrique d’Haïti. Mais dans le cas de St-Cyr, une question mérite d’être
posée : avons-nous raison de tirer la sonnette d’alarme aussi vite, ou
sommes-nous en train de laisser nos réflexes suspicieux éclipser une analyse
plus lucide ?
Un Technocrate dans une Période de Tourmente
Laurent
St-Cyr n'est pas un outsider politique, mais il n'est pas non plus un
politicien traditionnel. Dirigeant d'entreprise respectée avec une expérience
dans le développement du secteur privé, St-Cyr a passé la dernière décennie à
naviguer sur le terrain économique complexe d'Haïti, dirigeant de nombreux
groupes d'affaires, dont la Chambre de commerce et d'industrie du pays. Pour
ses détracteurs, ce seul fait suffit à l’écarter : il incarne, selon eux, la
continuité d’une classe d’affaires proche des puissances étrangères et d’un
modèle de gouvernance néolibéral peu soucieux des réalités populaires.
Mais d’autres estiment que sa nomination est un
choix pragmatique dans un contexte de quasi-effondrement de l’État. Face à une
crise sécuritaire, sociale et humanitaire sans précédent, certains soutiennent
que le pays a davantage besoin de gestionnaires compétents que de rhéteurs
révolutionnaires. Dans cette optique, St-Cyr apporterait expérience
administrative, réseau d’affaires et discrétion — des atouts rares dans la
conjoncture actuelle.
Entre Élites et Stabilité
Les critiques ne sont cependant pas sans
fondement. Beaucoup pointent du doigt la proximité historique avec les intérêts
économiques dominants, souvent accusés d’évasion fiscale, de pratiques
anti-syndicales, et d’un silence complice face à la décomposition de l’État et même
des relations avec les chefs de gangs. Pour ces observateurs, l’intégration de
St-Cyr au CPT symbolise une fois de plus l’exclusion des classes populaires des
processus décisionnels.
Son nom ravive ainsi une vieille tension dans la
politique haïtienne — entre les partisans de la rupture et ceux du réformisme. Entre
les mouvements populaires et la diplomatie de salon.
Pour de nombreux jeunes Haïtiens, désabusés par
des décennies de promesses non tenues, la montée de St-Cyr au pouvoir ressemble
à un éternel recommencement.
Le Rôle du CPT : Gérer la Transition, Pas
Gouverner à Perpétuité
Il est pourtant essentiel de rappeler que le
Conseil Présidentiel de Transition n’est pas un gouvernement permanent. Sa
mission est transitoire — stabiliser le pays et préparer des élections
crédibles. À ce titre, la représentation des différents secteurs (politique,
économique, société civile, diaspora) reflète la réalité éclatée du pays,
plutôt qu’un choix partisan ou idéologique.
Accuser St-Cyr d’illégitimité sans tenir compte
de la complexité du moment, c’est peut-être rater une occasion d’exiger une
participation constructive de tous les secteurs haïtiens.
L’Exigence de Redevabilité Commence par la
Transparence
Cela ne signifie pas qu’il faut suspendre toute
vigilance. Bien au contraire. Si Haïti veut regagner la confiance du public,
tous les membres du CPT — St-Cyr inclus — doivent s’engager à un haut niveau de
transparence. Les conflits d’intérêts, les antécédents professionnels, les
prises de décision : tout doit être clair et soumis à l’examen citoyen.
Mais appeler à son éviction immédiate, sans
débat ni preuve, risque de perpétuer une culture de rejet qui a longtemps
freiné l’émergence de solutions durables. Haïti a trop souffert des cycles de
vengeance et d’exclusion. Ce dont elle a besoin aujourd’hui, c’est d’une
vision, de compétences, et d’une capacité à bâtir des ponts plutôt qu’à ériger
des murs.
Conclusion : Jugement Réfléchi dans un Monde
Bruyant
En période de chaos, il est tentant de
considérer toute figure institutionnelle comme complice de l’échec. Mais
reconstruire Haïti nécessitera des alliances nouvelles — parfois
inconfortables, souvent imparfaites. Avant de lancer la pierre, demandons-nous
si nous jugeons les individus sur la base de leur passé ou sur leur capacité à
contribuer à l’avenir.
Laurent
St-Cyr saura-t-il être à la hauteur ? L’avenir le dira. Mais s’il doit être
jugé, que ce soit par une vigilance citoyenne éclairée — et non par une
condamnation automatique.
Appointing someone with St-Cyr’s baggage risks entrenching elite influence in this critical process, undermining the very democratic aspirations you claim to support. Pragmatism cannot justify recycling figures tied to Haiti’s dysfunctional power structures when fresh, untainted leadership could better inspire trust…
RépondreSupprimerThanks for your comment Nady's. Let's hope for the best once.
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