A Little Masterspiece: « Refounding Haiti»
Un Petit Chef-d'œuvre : « Refonder Haïti »
Par Serge H. Moïse, Av. (English Follows)
Les analphabètes du vingt et unième siècle ne
seront pas ceux qui ne peuvent lire ou écrire mais ceux qui ne peuvent
apprendre, désapprendre et réapprendre. « Alvin Toffler » Le constat est fait depuis
déjà belle lurette. Aucun parti politique, aucun secteur de la société ne
saurait à lui seul, se colleter et résoudre en tout ou en partie, la
problématique haïtienne d’aujourd’hui, complexe et multidimensionnelle. Ce que
nous vivons depuis plus d'un demi-siècle n’est que la résultante de la
dictature trentenaire dont les séquelles peuvent conduire à l’anéantissement de
la nation, si rien n’est entrepris dans les plus brefs délais pour arrêter
cette descente aux enfers atroce et déshumanisante. La vassalisation de
l’administration publique en particulier, le pouvoir judiciaire, le parlement
réduit à une chambre des députés « pour assis, contre debout » selon la malice
populaire, La DGI, les Douanes, la Cour des Comptes et du Contentieux
Administratif, les persécutions systématiques causant la fuite des cerveaux et
la paix du cimetière, au vu et au su de l’Occident chrétien, faisant semblant
hier comme aujourd’hui de se soucier du sort de la première république nègre du
continent. Pas étonnant alors qu’après toutes ces décennies d’obscurantisme et
de nivellement par le bas, les valeurs cardinales qui font la différence entre
l’homme et la bête, se soient volatilisées comme par magie, laissant plusieurs
générations sans le moindre repère ni référence. Le développement étant d’abord
humain, il s’avère évident que toute velléité ou tentative de progrès passe par
les créneaux culturels d’une société, en conséquence, le principal vecteur du
développement et du progrès demeure l’homme lui-même qui façonnera son
environnement à son image. Dans le cas d’Haïti, il importe de revoir la facture
de l’homme haïtien « les femmes comprises évidemment » à partir d’une éducation
appropriée, qui tienne compte de la réalité et des potentialités propres à
cette nation du quart monde, la plus pauvre et la plus corrompue, selon les
rapports de tous les organismes nationaux et internationaux et ce depuis la
dictature trentenaire, féroce et déshumanisante. La dégradation de nos valeurs
et de nos institutions ne s’est pas réalisée sans l’aval et la complicité de
nos élites dirigeantes et aujourd’hui nous recevons comme un camouflet la
boutade moqueuse et cynique de l’ex-dictateur, lequel avec un calme apparent,
comparaissant par devers son juge naturel a osé demander à l’ensemble des
dirigeants actuels : « Qu’avez-vous fait de mon pays? » Rendez-moi fol ou sage,
a-t-il tout à fait tort? Á observer de près le tableau désolant que représente
notre lamentable situation, aggravée par le terrible tremblement de terre du
douze janvier deux mille dix, à bien considérer l’attitude de tous et chacun
dans ces moments cruciaux et particulièrement depuis ces trois dernières
années, n’est-il pas habilité à prétendre que le fossé qu’il avait dû fuir en
février mil neuf cent quatre-vingt six, au lieu d’être plus ou moins comblé,
s’est davantage approfondi à cause de l’incurie de ses successeurs? Ces
derniers ont poursuivi dans la même voie jusqu’à friser le point de non retour.
Le séisme du douze janvier deux mille dix a eu la particularité de révéler
toute la dimension et la laideur de cette situation que la communauté
internationale avec la complicité de nos élites dirigeantes s’évertuaient à
masquer autant que possible. « Le peuple haïtien a été tellement trompé, trahi,
maltraité, et vilipendé, qu’il a atteint le stade de la déshumanisation ».
Telle était la conclusion d’une conférence prononcée par un sociologue à
l’Université du Québec à Montréal en l’année deux mille six. Il y a donc loin
de la coupe aux lèvres, s’agissant de reconstruire cette jeune nation qui n’a
connu que misère et désolation depuis son avènement à l’indépendance et qui
affiche tous les signes de la décrépitude et de la misère sous toutes ses
formes. Certains observateurs avertis, se référant aux Haïtiens, parlent
d’êtres désenchantés, résignés, zombifiés, espérant même sans espoir en des
lendemains meilleurs. Quant aux élites, elles sont qualifiées de répugnantes «
most repugnant élite » disait le diplomate américain Dean Curran, abandonnant
toute sa réserve professionnelle. L’âme haïtienne semble s’être volatilisée
dans une espèce de nébuleuse inaccessible ou presque, au point que plusieurs de
nos concitoyens désabusés et le cœur déchiré n’hésitent pas à affirmer qu’il
n’y a plus rien à faire. Nombreux toutefois sont ceux qui voudraient pouvoir
contribuer, de manière aussi modeste que ce soit, à rebâtir leur pays d’origine
et qui ne savent pas comment s’y prendre. D’autres encore, ne perçoivent de
changement qu’en singeant les modèles étrangers, sans tenir compte des
spécificités haïtiennes; et c’est le cas de plusieurs de nos « universitaires
». Il existe évidemment toute une kyrielle d’énergumènes, opportunistes sans
foi ni loi, qui profitent largement des souffrances inhumaines de ces millions
de sinistrés en aménageant ce qu’il est convenu d’appeler « l’industrie de la
misère ». « Le développement d’Haïti passe par l’éducation ». Certes oui, mais
à condition de créer des emplois afin que nos diplômés n’aient plus à
s’expatrier afin de gagner décemment leur vie en terre étrangère. Ainsi, ces
derniers auront le loisir de contribuer activement au développement du pays qui
les a vu naître et grandir. De plus, un enfant mal nourri, mal habillé et mal
logé n’est certainement pas en état de recevoir « le pain de l’instruction ».
Il appartient donc au gouvernement, de concert avec les secteurs vitaux de la
nation, de créer les conditions pour que les parents de ces enfants puissent
trouver du travail. Et c’est possible… La politique est l’art d’embellir la
cité, elle est également un rapport de force, compte tenu de la nature humaine
partout sur la planète. La démocratie, disait Winston Churchill, est le pire
des régimes à l’exception de tous les autres! Depuis la nuit des temps
l’organisation d’une société n’a jamais été chose facile, encore moins celle
des théoriciens au verbe tonitruant ronflant et creux. Les sciences juridiques
nous enseignent que l’accessoire suit le principal. Cette logique ne trouve pas
son application qu’en droit, elle revêt un caractère universel et se justifie
donc dans toutes les sphères d’activités humaines. Il en est de même en
médecine, s’attaquer à la fièvre ou aux démangeaisons qui ne sont que des
symptômes sans en rechercher la ou les causes, prédispose le patient à
contempler à son insu l’immensité de l’au-delà. Idem, dans le cas d’une société
malade comme la nôtre, le mal n’est certes pas incurable, encore faut-il
vouloir et être en mesure d’en identifier les causes lointaines et immédiates.
Commençons donc par bannir la langue de bois dans nos échanges entre
nous-mêmes. Comment peut-on parler de démocratie, d’État de droit, du respect
des droits et libertés, dans un pays où le taux de chômage avoisine les
soixante-dix (70) % pour cent. Soyons honnêtes et parlons du difficile et long
apprentissage qui requiert la participation active de tous et chacun d’entre
nous. Nous devrons nous atteler à nous débarrasser de cette acculturation qui
fait de nous des moutons de Panurge qui se complaisent dans leur abattoir. En
prendre conscience ne serait pas un mauvais début afin de dispenser une
éducation que soutiendrait un substrat idéologique susceptible de former le
nouvel homme haïtien qui réalisera cette révolution culturelle que nous
appelons : refondation. La preuve par quatre est faite depuis belle lurette que
l’aide internationale n’a pas et ne peut pas apporté les résultats escomptés et
les observateurs ont déjà conclu à un gaspillage d’argent, de temps et qui pis
est, de vies humaines. Des dissertations à n’en plus finir, on en a bavé.
L’heure est à l’action concertée, intelligente, efficace et efficiente. Nous
faisons face à un certain nombre de priorités, c’est l’évidence même et s’il
est vrai que l’émotion est nègre, comme le disait Senghor, de grâce, essayons
de nous transcender encore une fois, éliminons chez nous le « pitô nou lèd nou
là » et chantons en chœur « Haïti chérie »! Nous devons rendre la scolarisation
accessible à tous afin de former des citoyennes et des citoyens haïtiens
authentiques et non des assimilés à quelque métropole que ce soit. Il nous faut
une réforme judiciaire en profondeur « CNRJ » Commission Nationale de la
Réforme Judiciaire La sécurité des vies et des biens… Les droits de la femme en
particulier La valeur intrinsèque de chacun de nos dirigeants doit être un
paradigme incontournable L’administration publique à la hauteur de sa mission
Les partis politiques : farce ou réalité? La démocratie participative :
objectif à poursuivre L’électrification du pays, un élément incontournable Le
plan d’aménagement du territoire La prévention d'une explosion démographique Le
développement de notre agriculture Le développement de l’agro-industrie La
recherche : dans tous les champs de connaissances afin de retrouver notre
identité de peuple et inventer notre propre modèle de développement.
L’entrepreneuriat : thèmes clef du progrès et de la prospérité La créativité et
l’innovation : les maîtres mots de l’heure La réintégration effective de la
diaspora… La permanence d’un dialogue franc, ouvert et constructif La mise en
commun de nos ressources avec le « FHS » Fonds Haïtien de Solidarité pour
financer la création d'emplois à travers tout le pays, par et pour nous-mêmes,
en mettant l'accent sur le développement de l'entrepreneuriat, au niveau des
petites et moyennes entreprises. La désertification est à nos portes et c’est
très grave Autant de priorités qui doivent être appréhendées sans délais en
envisageant d’abord et avant tout l’essentiel qui est : la « création d’emplois
». Les dirigeants actuels et futurs doivent comprendre enfin que
l’investissement étranger que nous attendons depuis toujours ne viendra pas,
sauf pour créer de la richesse pour un petit groupe et non pour faire du
développement durable. L’effort premier doit venir de nous, tant de l’intérieur
que de l’extérieur. Et c’est possible! En effet, tout ce qui précède ne saurait
se réaliser si, comme d’habitude, nous nous attardons sur les accessoires en
lieu et place de l’essentiel, en l’occurrence, la priorité absolue qui reste et
demeure, pour une économie prospère, la création d’emplois sur tout le
territoire national.
****************************************
A Little Masterspiece: « Refounding Haiti»
By Serge H. Moïse av.
"The illiterate of the 21st century will not be those who cannot
read or write, but those who cannot learn, unlearn, and relearn." -
Alvin Toffler
The observation has long been made. No political party or sector of
society alone can tackle and resolve, in whole or in part, the complex and
multidimensional Haitian problem of today.
What we have been living through for over half a century is nothing but
the result of a thirty-year dictatorship, whose remnants could lead to the
annihilation of the nation if nothing is done promptly to stop this atrocious
and dehumanizing descent into hell.
The subjugation of the public administration, particularly the
judiciary, the parliament reduced to a "sit-down" chamber, the DGI
(Tax Department), customs, the Court of Audit and Administrative Litigation,
and systematic persecutions causing brain drain and cemetery peace — all in
full view of Christian Western nations that, past and present, pretend to care
about the fate of the first Black republic in the Americas.
No wonder that after decades of obscurantism and leveling down, the
cardinal values that distinguish humans from beasts have magically disappeared,
leaving several generations without guidance or reference points.
Development is primarily human, and it is evident that any attempt at
progress must pass through the cultural pathways of a society. Therefore, the
primary driver of development and progress remains humanity itself, shaping its
environment in its own image.
In Haiti's case, we must redefine the character of the Haitian man —
including women, of course — through appropriate education that considers the
reality and potential of this poorest and most corrupt fourth-world nation,
according to all national and international reports since the ferocious and
dehumanizing thirty-year dictatorship.
The degradation of our values and institutions did not occur without the
approval and complicity of our ruling elite. Today, we are met with the mocking
and cynical jest of the ex-dictator, who calmly asked the current leaders
before his natural judge:
"What have you done to my country?"
Mad or wise, is he entirely wrong? Looking closely at the dismal picture
of our lamentable situation, worsened by the terrible earthquake of January 12,
2010, and considering the attitudes of everyone, particularly in the last three
years, can he not argue that the gap he fled from in February 1986, instead of
being more or less filled, has only deepened due to his successors'
incompetence? They have followed the same path, almost reaching the point of no
return.
The earthquake of January 12, 2010, revealed the full scale and ugliness
of this situation, which the international community, with the complicity of
our ruling elite, strove to mask as much as possible.
"The Haitian people have been so deceived, betrayed, mistreated,
and vilified that they have reached the stage of dehumanization."
Such was the conclusion of a lecture delivered by a sociologist at the
University of Quebec in Montreal in 2006.
There is a long way to go when it comes to rebuilding this young nation,
which has only known misery and desolation since gaining independence and
exhibits all signs of decay and misery in every form.
Some astute observers, referring to Haitians, speak of disenchanted,
resigned, zombified beings, hoping without hope for better days. As for the
elites, they are labeled "most repugnant elites," as American
diplomat Dean Curran said, abandoning all professional restraint.
The Haitian soul seems to have evaporated into an almost inaccessible
nebula, to the point that many disillusioned citizens, their hearts torn, do
not hesitate to affirm that there is nothing left to do.
Yet many want to contribute, however modestly, to rebuilding their
homeland and don't know how. Others perceive change only by imitating foreign
models, ignoring Haitian specificities — and this is the case with many of our
"academics." There is also a whole array of opportunists without
faith or law who take full advantage of the inhuman suffering of millions of
disaster victims by nurturing what has become known as the "poverty
industry."
"Development in Haiti hinges on education." Yes, but only if
jobs are created so that our graduates no longer need to emigrate to make a
decent living abroad. Thus, they will be able to contribute actively to the
development of the country that saw them born and grow up. Furthermore, a
poorly nourished, poorly clothed, and poorly housed child is certainly not in a
position to receive "the bread of instruction." It is up to the
government, in concert with the nation's vital sectors, to create conditions
for these children's parents to find work. And it is possible.
Politics is the art of beautifying the city; it is also a balance of
power, considering human nature worldwide. "Democracy," said Winston
Churchill, "is the worst form of government except for all the
others!" Since time immemorial, organizing society has never been easy,
even less so for theorists with booming, empty rhetoric.
Legal science teaches us that the accessory follows the principal. This
logic applies universally and is justified in all spheres of human activity. It
is the same in medicine: addressing fever or itching symptoms without finding
the cause predisposes the patient to unknowingly gaze into the beyond.
Similarly, in a sick society like ours, the problem is certainly not
incurable, provided we want to and can identify its remote and immediate
causes.
Let us begin by banning empty language in our exchanges. How can we talk
about democracy, the rule of law, and respect for rights and freedoms in a
country where unemployment hovers around 70%? Let us be honest and talk about
the difficult and long learning process that requires the active participation
of each one of us.
We must work to free ourselves from this acculturation that makes us
like Panurge's sheep, complacent in our slaughterhouse. Becoming aware of this
wouldn't be a bad start, allowing us to provide an education underpinned by an
ideological substrate capable of forming the new Haitian man who will achieve
this cultural revolution we call refoundation.
The evidence has long shown that international aid has not and cannot
yield the expected results, and observers have already concluded that it is a
waste of money, time, and worse still, human lives.
We've talked endlessly about it. The time has come for concerted,
intelligent, effective, and efficient action.
We face several priorities — that much is evident. If emotion is indeed
Black, as Senghor said, please, let's transcend ourselves once more, eliminate
the "pitô nou lèd nou la" mentality, and sing "Haïti
chérie!" together.
We must make schooling accessible to all to form genuine Haitian
citizens, not assimilated ones to any foreign metropolis.
We need a comprehensive judicial reform:
CNRJ - National Commission for Judicial Reform
- Public safety:
protecting lives and property
- Women's rights:
particularly important
- Intrinsic value
of leadership: an essential paradigm
- Public
administration: up to its mission
- Political parties:
a farce or a reality?
- Participatory
democracy: a goal to pursue
- Electrification:
a crucial element for the country
- Territorial
planning
- Preventing
demographic explosion
- Agricultural
development
- Agro-industry
development
- Research:
in all knowledge fields to rediscover our identity as a people and invent
our development model
- Entrepreneurship:
a key theme for progress and prosperity
- Creativity and
innovation: the watchwords of the moment
- Effective
reintegration of the diaspora
- Permanent, open,
and constructive dialogue
Pooling our resources through the FHS - Fonds Haïtien de Solidarité
will fund job creation nationwide, emphasizing entrepreneurship development in
small and medium-sized enterprises.
Desertification is at our doorstep, and it's severe. These priorities
must be addressed urgently, primarily focusing on creating jobs — the absolute
priority for a prosperous economy.
Current and future leaders must finally understand that foreign
investment, which we've always awaited, will not come except to create wealth
for a small group, not sustainable development. The primary effort must come
from us, both internally and externally. And it is possible!
All the above cannot be achieved if, as usual, we focus on accessories
instead of essentials, namely, the absolute priority that remains creating jobs
nationwide.
Contact Médias Patrick Prézeau Stephenson: Éditeur manifeste1804@gmail.com
Men
anpil chaj pa lou. Mèsi pou pataje manifès la:
Vizite
paj akèy la: https://shorturl.at/cozFM
Li sou
entènèt: https://shorturl.at/rBOTZ
Telechaje: https://shorturl.at/zIR29
Commentaires
Enregistrer un commentaire