Qui tire les ficelles des manifestations contre le CPT et le Premier ministre Didier Fils-Aimé ?

 


Who’s Pulling the Strings Behind Haiti’s Latest Unrest?

By Patrick Prézeau Stephenson (Le Français suit)

Port-au-Prince, Haiti – April 3, 2025. Haiti is once again at the edge of chaos. What began as a protest against surging gang violence and government ineffectiveness has now morphed into a politically charged movement threatening to upend the fragile transitional government. The latest wave of demonstrations, which turned violent outside the offices of Prime Minister Alix Didier Fils-Aimé, has raised critical questions: Is this a genuine popular uprising, or is there a more calculated power play at work?

As protesters clashed with police, gunfire erupted in the capital. Some demonstrators—many armed—called for the ousting of the CPT (Conseil Présidentiel de Transition), while others demanded the removal of Fils-Aimé, barely months into his tenure. But behind the smoke of burning tires and the chants of frustrated citizens, powerful political forces may be engineering a new bid for control.

The Usual Suspects: A Coalition of Convenience?

According to human rights advocate Pierre Espérance, this surge of unrest is far from spontaneous. He warns of a coordinated effort involving elements of Viv Ansanm, PHTK, Pitit Dessalines, and figures deeply tied to past regimes, including Dimitri Hérard and Guy Philippe—both controversial figures with histories of military and paramilitary involvement [1].

This coalition represents an unholy alliance of former government elites, radical nationalists, and security apparatus remnants who, despite ideological differences, share a common goal: removing the CPT and installing a more compliant leadership. If successful, this maneuver would reshape Haiti’s political landscape and potentially pave the way for a new form of governance—one leaning more on authoritarian rule in a narco state masked as national security.

A Playbook of Destabilization

The strategy bears a striking resemblance to past destabilization efforts. Haiti’s history is replete with examples where political actors and foreign interests weaponized public discontent to engineer coups or transitions that ultimately served elite agendas rather than national interests. The tactics being deployed now—co-opting legitimate grievances, infiltrating movements, and escalating violence—are textbook methods of regime change.

Several key factors make this attempt particularly dangerous:

1. Control of Armed Groups: With gangs dominating 85% of Port-au-Prince and expanding their reach beyond the capital, it is widely believed that certain factions within the protest movement have direct or indirect ties to organized crime.

2. International Leverage: The Dominican Republic, often accused of interfering in Haiti’s affairs, has remained eerily silent on the crisis. Could regional players be hedging their bets on a new leadership more aligned with their interests?

3. Strategic Timing: With a UN-backed Kenyan security mission struggling to gain a foothold, and the U.S. prioritizing broader geopolitical conflicts, the moment is ripe for a well-orchestrated takeover.

The Geopolitical Web: Who Benefits?

Haiti’s turmoil rarely unfolds in isolation. Throughout its history, external actors—whether Washington, international financial institutions, or neighboring states—have played decisive roles in shaping outcomes. If this uprising is indeed an attempt to unseat the CPT, one must ask: Who benefits from this transition?

Washington’s Calculations: The U.S. has historically preferred “stability” over democracy in Haiti. Could elements within the State Department tolerate, or even tacitly support, a change if it ensures a more predictable power structure?

The Dominican Factor: Espérance and other observers have suggested that Dominican intelligence services keep close tabs on Haiti’s shifting sands. A weakened Haiti serves the Dominican Republic’s long-term economic and security interests.

Private Sector Interests: Haiti’s powerful business elite, which has long played kingmaker, remains largely silent on the crisis. Could this indicate quiet support for a shift in power?

What Comes Next?

If Haiti is indeed on the verge of another political reset, the consequences could be dire. A successful coup—whether through direct force or engineered political pressure—would not only derail fragile governance efforts but also plunge the nation deeper into anarchy.

For the Haitian people, the stakes couldn’t be higher. The past decade has shown that regime changes, often disguised as necessary transitions, have done little to alleviate suffering. With tens of thousands displaced by gang violence and an economy on life support, what Haiti needs is governance—not another power struggle orchestrated from the shadows.

As the situation unfolds, the international community must ask itself a difficult question: Will it continue to allow Haiti’s fate to be dictated by those pulling the strings, or will it finally support a path that prioritizes national sovereignty over geopolitical expediency?


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Qui tire les ficelles des manifestations contre le CPT et le Premier ministre Didier Fils-Aimé ?

Par Patrick Prézeau Stephenson  

Port-au-Prince, Haïti – 3 avril 2025. Haïti est une fois de plus au bord du chaos. Ce qui a commencé comme une protestation contre l’explosion de la violence des gangs et l’inefficacité du gouvernement s’est transformé en un mouvement politiquement chargé, menaçant de renverser le fragile gouvernement de transition. La dernière vague de manifestations, marquée par des violences devant les bureaux du Premier ministre Alix Didier Fils-Aimé, soulève une question cruciale : s’agit-il d’un soulèvement populaire authentique, ou bien d’une manœuvre stratégique soigneusement orchestrée ?

Alors que les manifestants affrontaient la police, des coups de feu ont éclaté dans la capitale. Certains protestataires—beaucoup d’entre eux armés—ont appelé au renversement du Conseil Présidentiel de Transition (CPT), tandis que d’autres exigeaient la destitution de Fils-Aimé, à peine quelques mois après sa prise de fonction. Mais derrière la fumée des pneus en feu et les slogans de citoyens frustrés, des forces politiques puissantes semblent tirer les ficelles pour orchestrer une nouvelle prise de pouvoir.

Les suspects habituels : Une coalition de circonstance ?

Selon l’activiste des droits humains Pierre Espérance, cette vague de troubles est loin d’être spontanée. Il alerte sur une opération coordonnée impliquant des acteurs issus de Viv Ansanm, du PHTK, de Pitit Dessalines, ainsi que des figures liées aux anciens régimes, notamment Dimitri Hérard et Guy Philippe—des personnalités controversées ayant des antécédents militaires et paramilitaires [1].

Cette coalition représente une alliance improbable entre les élites gouvernementales déchues, les nationalistes radicaux et les restes de l’appareil sécuritaire. Malgré leurs différences idéologiques, ces groupes partagent un objectif commun : évincer le CPT et installer un leadership plus complaisant. Si cette manœuvre aboutit, elle pourrait remodeler le paysage politique haïtien et ouvrir la voie à une gouvernance plus autoritaire sous couvert de sécurité nationale.

Une stratégie de déstabilisation éprouvée

La tactique employée rappelle étrangement les précédentes tentatives de déstabilisation. L’histoire d’Haïti est marquée par des épisodes où des acteurs politiques et des intérêts étrangers ont instrumentalisé le mécontentement populaire pour orchestrer des coups d’État ou des transitions servant davantage les élites que la population.

Les méthodes utilisées aujourd’hui—infiltration des mouvements de contestation, cooptation des revendications légitimes et montée en escalade de la violence—sont des procédés classiques de changement de régime.

Plusieurs facteurs rendent cette tentative particulièrement périlleuse :

1. Le contrôle des groupes armés : Avec des gangs contrôlant 85 % de Port-au-Prince et étendant leur influence au-delà de la capitale, certaines factions au sein du mouvement de protestation entretiennent des liens directs ou indirects avec le crime organisé.

2. L’ingérence internationale : La République dominicaine, souvent accusée d’interférer dans les affaires haïtiennes, observe un silence troublant sur la crise. Certains estiment que des acteurs régionaux parient sur une nouvelle gouvernance plus conforme à leurs intérêts.

3. Une fenêtre stratégique : Alors que la mission sécuritaire kenyane soutenue par l’ONU peine à s’imposer et que les États-Unis concentrent leur attention sur d’autres crises géopolitiques, le moment est propice pour une prise de pouvoir bien orchestrée.

Une toile géopolitique complexe : Qui profite du chaos ?

La tourmente en Haïti ne se produit jamais en vase clos. Depuis toujours, des acteurs extérieurs—qu’il s’agisse de Washington, des institutions financières internationales ou des États voisins—ont joué un rôle décisif dans les bouleversements politiques du pays.

Si cette révolte vise réellement à renverser le CPT, il faut se poser la question : qui tire avantage d’un tel changement ?

Les calculs de Washington : Les États-Unis ont historiquement préféré la "stabilité" à la démocratie en Haïti. Certains éléments au sein du Département d’État pourraient-ils tolérer, voire soutenir discrètement, un changement garantissant une structure de pouvoir plus prévisible ?

Le facteur dominicain : Espérance et d’autres observateurs suggèrent que les services de renseignement dominicains suivent de près l’évolution de la situation. Une Haïti affaiblie sert les intérêts économiques et sécuritaires à long terme de la République dominicaine.

Les intérêts du secteur privé : L’élite économique haïtienne, qui joue souvent un rôle décisif dans l’orientation politique du pays, reste étrangement silencieuse face à cette crise. Cette posture suggère-t-elle un soutien discret à un basculement du pouvoir ?

Quelles perspectives ?

Si Haïti est bel et bien à l’aube d’un nouveau bouleversement politique, les conséquences pourraient être désastreuses. Un coup d’État, qu’il soit mené par la force ou par une pression politique savamment orchestrée, ne ferait qu’aggraver la situation et plonger davantage le pays dans l’anarchie.

Pour le peuple haïtien, les enjeux sont immenses. La dernière décennie a démontré que les changements de régime, déguisés en transitions nécessaires, n’ont apporté que plus de souffrances. Alors que des dizaines de milliers de personnes sont déplacées par la violence des gangs et que l’économie est en lambeaux, Haïti a besoin d’un véritable gouvernement fonctionnel, pas d’une nouvelle lutte de pouvoir téléguidée depuis l’ombre.

Tandis que la crise évolue, la communauté internationale doit se poser une question cruciale : continuera-t-elle à permettre que le sort d’Haïti soit dicté par des forces extérieures, ou soutiendra-t-elle enfin une voie qui privilégie la souveraineté nationale au détriment des jeux géopolitiques ?


Références

[1] https://x.com/TheNancyRoc/status/1906055876722524559


Contact Médias Patrick Prézeau Stephenson: Éditeur manifeste1804@gmail.com

Men anpil chaj pa lou. Mèsi pou pataje manifès la:

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